Podcast #024 : De 0 à 90 000$ par mois avec Jonathan Buttigieg de WP Rocket


Jonathan Buttigieg dans le podcast Parlons Web


Il y a quelques semaines j’avais reçu Stéphane qui avait partagé avec nous son expérience en tant que vendeur de plugin WordPress.

Aujourd’hui j’ai le plaisir de vous proposer une sorte de « seconde partie » de ce podcast puisque j’ai le plaisir d’accueillir Jonathan Buttigieg, l’un des membres fondateurs de WP Media, la société éditrice du plug-in de cache WP Rocket.

Ce podcast est passionnant pour plusieurs raisons.

La première c’est qu’il montre bien qu’il est tout à fait possible de se lancer sur un marché concurrentiel et y faire sa place même si la concurrence propose des produits performants (et parfois gratuits).

La seconde c’est que pour cela, il n’est pas nécessaire de proposer un produit fondamentalement révolutionnaire, mais légèrement différent (avant tout « plus simple » dans le cas de WP Rocket).

La troisième c’est qu’il confirme, une fois de plus, qu’il faut aller vite pour tester son marché, obtenir le plus tôt possible les retours de vos utilisateurs et ainsi faire évoluer son produit dans le bon sens.

Ces 3 leçons ne sont qu’un tout petit extrait de ce qui vous attend dans la suite de ce podcast donc il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute ! :)

Au sommaire de ce vingt-quatrième épisode de Parlons Web

 

 

Dans cet épisode vous allez découvrir

  • Le parcours de Jonathan avant l’aventure WP Rocket.
  • Qui sont les fondateurs de WP Media ?
  • A quel besoin répond le plugin de cache WP Rocket ?
  • Combien de temps a-t-il été nécessaire pour le développement du plug-in ?
  • Comment a évolué le prix du plug-in au cours du temps ?
  • Les raisons qui ont poussé les fondateurs à ne pas passer par les plateformes telles que CodeCanyon.
  • La technique, toute simple, qui leur a permis de faire connaître leur plug-in en France et à l’international.
  • Pourquoi les fondateurs de WP Rocket aiment les articles qui « cassent » leur produit ?
  • Envie de lancer un business sur WordPress ? Pourquoi vous devriez vous lancer à l’international dès le départ ?
  • Les résultats chiffrés des ventes du plug-in.
  • Comment faire grossir son équipe quand les ventes augmentent sur les 5 continents ?
  • Les projets en cours chez WP Media.
  • Comment recruter et faire travailler ensemble de nouveaux collaborateurs partout dans le monde ?
  • Pourquoi ont-ils choisi d’être aussi transparents sur leurs chiffres et leur mode de fonctionnement ?
  • Et beaucoup d’autres choses …

Outils et liens cités dans cet épisode

Livres cités dans cet épisode

Merci pour votre écoute !

Alors ? Qu’avez-vous pensé de ce podcast ?

Plutôt inspirant non ? En tout cas cela montre qu’on ne sait jamais comment peut évoluer un projet.

À la base ils voulaient « juste tester »… aujourd’hui ils gagnent près 100 000$ par mois avec leur plug-in, c’est juste énorme ! :)

Pour remercier Jonathan pour ce partage d’expérience, je vous propose de cliquer ici.

Si vous aimez Parlons Web en général, aidez-moi à le faire connaître au plus grand nombre en laissant une note et un commentaire sur les plateformes suivantes :

Merci d’avance à tous ceux et toutes celles qui prendront le temps de laisser un commentaire :)

On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode, on parlera création et vente de livre numérique.






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   Retranscription écrite du podcast


Les commentaires c'est cool ! (Je m’exprime)


Article avec plein d'informations concrètes. Bravo pour cette réussite !

Une question cependant, comment gérez vous les contrats de travail avec vos team mates :) basés a l'étranger ?

Ben le 05/11/2015


Interview très interessante, ca donne envie de bosser chez eux :-)

Bat le 05/11/2015


Bonjour Ben,

Les team mates qui vivent à l'étranger n'ont pas de contrats de travail.

Ce sont des freelances (ou une autre structure légale dans leur pays) qui nous font une facture chaque mois.

Les français sont eux en CDI.

Jonathan Buttigieg le 05/11/2015


@Bat

Visiblement ils cherchent du monde : http://wp-media.me/#job ;)

Xavier le 05/11/2015


Wow, encore du contenu d'une qualité exceptionnelle ! Quelle source d’inspiration ces podcasts !

Encore un grand merci Xavier :)

A bientôt,
Sarah

Sarah le 05/11/2015


Encore un podcast kiffant ! Bravo Jonathan et toute l'équipe WP Rocket, vous envoyez du lourd :)

J'adhère à 100% avec votre philosophie et votre façon de bosser. J'ai hâte de tester vos nouveaux plugins et thèmes ;)

Maximilien le 05/11/2015


Merci pour ce podcast super intéressant.

Cela permet de découvrir de nouveaux horizons, des nouvelles façons de gérer sa société et d'avoir de bonnes astuces pour se développer.

Très bonne source d'inspiration !

Geoffroy @ Renover TV le 05/11/2015


Le plus intéressant (je risque de me faire des ennemis) de ce podcast concerne la (dernière) partie sur le management !

Pour les fidèles du marketsamourai en effet, on retrouve peu à peu les même conseils au fil des podcasts (se lancer dès le Minimum Viable Product, à l'international dès le départ etc etc).

Par contre la culture d'entreprise est vraiment différente, et il faut casser de nombreux codes et tabous pour mettre à plat sa politique RH !

Bravo donc pour cet esprit d'entreprise !

Marc le 05/11/2015


La dernière partie sur le management est top du top !

C'est très intéressant et cette façon de manager est intelligente et finalement logique !

Benjamin le 06/11/2015



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Retranscription écrite du podcast


X : Salut, Jonathan, et merci de te joindre à moi pour ce nouvel épisode du podcast.

J : Bonjour, Xavier.

X : Je suis bien content de faire cet épisode, car tu es l’un des membres fondateurs de WP Media qui est la société éditrice du plugin WP Rocket. Et aujourd’hui, nous allons prendre le temps de voir tout ça ensemble. Vous avez choisi de vendre votre propre plugin et comment vous vous êtes adapté pour gérer la croissance. Mais avant de parler de tout ça, est-ce que tu pourrais en quelques minutes nous raconter les grandes lignes de ton parcours sur le web afin qu’on puisse en savoir un petit peu plus sur toi ?

J : Pas de soucis. Au niveau du web, ça doit faire maintenant, 6-7 ans que je suis dedans. Je suis très axé maintenant sur Wordpress. J’essaie de toucher un peu à tout, j’essaie les frameworks, etc., mais maintenant essentiellement du Wordpress. Et peut-être que certains d’entre vous qui écoutez connaissent le blog geekpress.fr. C’est un blog qui est toujours en ligne. J’en parle au passé puisque je n’ai plus le temps de m’en servir, mais c’était un site où je publiais des astuces et des tutoriels dédiés à Wordpress. Donc voilà et puis par rapport au web, j’ai une formation classique de licence et puis voilà. Pas grand-chose à dire !

X : D’accord, OK. Donc finalement, je ne sais pendant combien de temps tu as géré ce blog, mais assez rapidement du coup, tu t’es lancé dans l’aventure de création de plugins et tout ça.

J : Non, en fait, ce blog-là, enfin, je bloguais beaucoup à l’époque où j’étais étudiant. Quand on est étudiant, on a souvent du temps et non, après j’ai fait quelques petites aventures en agence. J’ai fait 6 mois dans une première et 6 mois dans une autre. Et je suis parti parce que pour moi, le format agence ne me plait pas pour diverses raisons. Et après quelques mois en freelance avant de se lancer dans l’aventure de la création de plugins.

X : OK. Du coup donc, la société WP Media, il n’y a pas que toi. Vous avez des associés, vous êtes 3, si je ne me trompe pas. Est-ce que tu peux nous dire qui ils sont ? Et un peu quels sont leurs profils ?

J : Alors, il y a Jean-Baptiste Marchand-Arvier. On s’est rencontré justement pendant notre période commune en agence. Et Jean-Baptiste est plutôt orienté sur… En fait, il était plutôt orienté référencement et marketing et maintenant il est plutôt devenu développeur, développeur Python. Voilà, et moi je suis plutôt l’inverse, j’ai été développeur et je suis un peu plus dans le marketing maintenant. On change un peu de voie quelquefois. Et Julio Potier, qui est la troisième personne cofondatrice qui est un spécialiste de la sécurité et un peu une sorte de bible sur pattes de Wordpress. Donc voilà !

X : OK. Donc le plugin WP Rocket, c’est le premier plugin que vous avez sorti avec cette société.

J : Tout à fait. Alors en fait, quand on s’est lancé, on était tous les trois freelance, que ce soit JB, Julio ou moi. Et on a lancé ce plugin-là, un peu comme ça. Puisqu’on avait décidé de tester la chose. Ça fonctionne, ça fonctionne, ça ne fonctionne pas et il n’y a aucune prétention à ce produit-là. Et puis après, avec le lancement, on s’est rendu compte très vite qu’il y avait un besoin, qu’il y avait une clientèle, que ça commençait à générer du chiffre d’affaires et donc on s’est lancé le 15 juillet 2013. Et dès le mois de septembre, on s’est dit : « Eh bien, voilà, il va falloir créer une société pour pouvoir gérer un peu cet aspect financier. Que ce soit dans les règles ». Et donc la société s’est créée le 1er janvier 2014.

X : D’accord. Alors, peut-être pour que ce soit bien clair pour tout le monde, est-ce que tu peux nous présenter le plugin WP Rocket pour que tout le monde sache ce qu’il fait ?

J : Alors nous, quand on a créé ce plugin-là, en général je pense que les nouveaux produits qui naissent proviennent d’un besoin d’un développeur, d’un designer, enfin, quel que soit le métier. Il a envie de créer son propre produit parce que les produits qui existent actuellement ne lui plaisent pas. Et nous, c’est typiquement ce qui est arrivé avec WP Rocket qui est un système de cache. Donc les concurrents sont W3 Total Cache, Super Cache et il y en a d’autres. Et vraiment, ce qui ne nous plaisait pas dans ces plugins-là, c’est qu’on avait besoin d’avoir un bagage technique assez important pour comprendre ce que l’on fait et ce que l’on veut faire. Et justement WP Rocket, c’est un plugin de cache pour Wordpress donc c’est un plugin qui permet d’accélérer le temps de chargement d’un site internet. Et au-delà de ses performances, c’est un plugin qui est simple à utiliser. On n’a pas besoin d’avoir des compétences techniques en web performance pour pouvoir l’installer et avoir un site rapide.

X : Donc, au-delà des performances que permet de gagner le plugin, c’est aussi, il y avait ce côté différenciant de se dire : « On veut quelque chose de simple pour que tout le monde puisse le comprendre ».

J : C’est ça. Tout à fait. En gros, tu l’installes et tu as déjà à peu près plus de 80 % des web performances sur des bonnes pratiques de web performance qui sont appliquées : cache navigateur, Expires Headers, ETag, etc. Et aussi la grande force du plugin, c’est que justement là, je viens de donner des termes, mais j’en ai peut-être déjà endormi 80 % des gens. Justement, on suit la philosophie de Wordpress qui est : « Decision, not option ». C’est-à-dire que si vous pensez que dans votre produit il y a quelque chose qui est essentiel et que ça doit forcément être par défaut sur votre plugin ou votre produit, il faut le mettre par défaut. Il ne faut pas que ce soit une option. Si vous savez d’avance que c’est indispensable, vous le mettez par défaut. Le cache navigateur, voilà, certaines choses que les gens ne comprennent pas et qui sont indispensables et bien, c’est par défaut dans le plugin. Il n’y a pas besoin de l’activer ou de le désactiver, etc. C’est par défaut.

X : Oui. C’est ce qu’on disait. C’est que ça simplifie tout aussi bien pour les utilisateurs que pour vous en terme de support et tout ça, quoi !

J : Tout à fait. C’est ce qui permet à un utilisateur d’installer le plugin en 30 secondes. Le temps de le télécharger et de cliquer sur « activer ».

X : Et du coup, vous avez mis combien de temps pour développer ce plugin ?

J : Le plugin ? De mémoire, je crois qu’on a mis entre 2 et 3 mois. Pas plus. Et sachant que dans le tas, il y avait une période d’un mois de bêta-test.

X : D’accord. Donc effectivement, ça a été assez vite.

J : Ça a été très très vite, oui. Il faut se lancer assez rapidement dans le sens où ce n’est pas grave si le produit est encore… De toute façon, un produit a toujours des bugs. Qu’il ait une semaine de développement ou 2 ans de développement, il sortira toujours avec des bugs et pendant son évolution, il y aura toujours des bugs. Et justement, il vaut mieux sortir un produit qui est simple et fonctionnel, plutôt que d’attendre 12 ans et d’avoir 15 milliards de fonctionnalités et un truc qui n’est pas utilisable, quoi.

X : Oui, et puis c’est ce que vous disiez, c’est que vous n’étiez pas non plus convaincu à 100 %. Ce que tu disais tout à l’heure, c’est que vous n’étiez pas convaincu à 100 %, qu’il y aurait forcément un marché et que vous trouveriez votre place. Donc du coup, de se dire, passer un mois ou un an à développer sans avoir cette certitude-là, ce serait peut-être un peu dommage donc autant sortir une version fonctionnelle, mais simple et puis voir comment réagit le marché en face.

J : Il y a ça aussi. Il y a une citation que j’aime beaucoup et que je ne me souviens plus de qui c’est, je suis désolé. Mais je crois que c’est Pinterest, c’est du fondateur de Pinterest, enfin, d’une grosse startup qui dit : « Si tu trouves ton produit beau, c’est que tu l’as lancé trop tard ». Voilà ! Il faut vraiment le lancer le plus tôt possible, dès qu’il est fonctionnel, il faut que ça parte. Et justement après, et bien, plus tôt on le lance, plus tôt on a des feedbacks, enfin des retours des clients et plus tôt on peut l’améliorer.

X : Et du coup, c’est un plugin que vous avez, alors je ne sais pas s’il est prêt à évoluer au fil du temps, mais c’est un produit que vous avez mis sur le marché à quel prix ?

J : Alors, au début, on a commencé essentiellement sur le marché français, enfin francophone. Le site était en français et le prix était en Euros. On voulait un petit peu tester le marché et puis que le produit soit un peu plus mûr avant de le lancer sur le marché international. Donc à l’époque, c’était un site 29 €, 3 sites 69 €, et illimité 149 €. Et les prix ont évolué dans le sens où c’est passé en dollar et à l’époque le dollar était plutôt faible. C’était de mémoire à 0,72 $ pour 1 €. Et à l’époque, et bien, 39 $, ça faisait 29 €, 99 $, ça faisait 69 € et 199 €, ça faisait 149. Maintenant, c’est différent parce que le dollar, c’est à 0,9 $ pour 1 €… Donc ça a pris 18 %. C’est plus intéressant pour nous. Donc du coup pour plusieurs raisons, la première raison qui était qu’on avait beaucoup de bugs en fait, on utilise la plateforme Woo Commerce pour vendre sur notre site et un site multi lingue et multi monnaie, c’est trop de sources de conflit. On avait pas mal de bugs, etc. Et à un moment on s’est dit : « Bon, le dollar est monté, c’est plus arrangeant pour nous de vendre en dollar parce qu’on fait 18 % en moyenne de chiffre d’affaires en plus sur la vente d’une licence. Et en plus, on aura plus de bugs ». Donc on a testé sur les marchés allemand et italien pendant un mois si ça allait avoir des impacts sur les ventes. Ça n’a eu aucun impact. Mais du coup, le même nombre de vente, mais avec un prix plus cher. Ça faisait plus de revenus, donc on a passé tout le monde en dollars.

X : Oui, puis ce que tu disais ! C’est que, alors peut-être pas sur la communauté française qui vous connait peut-être un peu plus, mais le public allemand ou italien, ils pensent que vous êtes une startup américaine ou anglo-saxonne on va dire, et du coup peut-être qu’ils ne se posent même pas la question de savoir si ça ne doit pas être en euros plutôt.

J : Oui. Tout à fait.

X : Et pourquoi vous n’avez pas choisi justement de vendre directement le plugin sur votre site et vous n’avez pas tenté l’aventure de le mettre sur une plateforme de type CodeCanyon ou d’autres pour bénéficier de leur marketing et de leur trafic déjà existant.

J : Il y a plusieurs raisons. Déjà la première qui est essentielle pour nous, c’était d’être indépendant, de ne pas dépendre d’une société tierce pour vendre. Et ça ne collait pas à notre business model qui est qu’à l’époque, ça a un petit peu changé entre-temps sur CodeCanyon, mais sur CodeCanyon, il n’y a pas de système de licence 1-3 - sites illimités. C’est, on l’achète une fois et puis on peut installer le plugin sur autant de sites qu’on veut. Et pour nous, vendre un produit 39 $... Et déjà en plus, ce n’est pas nous qui fixons le prix, c’est eux. Il faut savoir que sur CodeCanyon et Themeforest, c’est Envato, donc la société qui est derrière qui décide des prix et on n’a rien à dire dessus. C’est, soit on accepte, soit on n’accepte pas. Puis au-delà de ça, il y a les pourcentages donc au début, le tarif est de 20 $ du produit. Vous en touchez que 50 % et puis en fonction du nombre de revenu que vous avez généré, ça peut aller à 70 %. Donc on commence à 50 et on peut aller jusqu’à 70 % et donc nous, on voulait 100 %. Bon et bien les deux techniques ont des avantages et inconvénients. Être sur Envato, on a une visibilité. Donc ça vous apporte une meilleure visibilité. Si vous avez votre propre boutique et bien il va falloir travailler votre visibilité, mais après en terme de revenu, ce sera plus intéressant si vous vous y prenez bien. Donc il y avait ce côté indépendance et ce côté business model qui ne nous intéressaient pas du tout, de licence illimitée, de support illimité toute la vie. Pour nous, un produit de qualité, il doit avoir un renouvèlement chaque année. C’est-à-dire que chaque année, un plugin, il évolue. Il y a de la recherche et développement dessus. Il y a des personnes qui travaillent à plein temps dessus pendant toute l’année qui apportent des nouvelles fonctionnalités, des nouvelles mises à jour, des réglages de bugs, etc. Et ce temps de recherche-développement et bien, ça a un cout. On ne peut pas l’offrir. C’est impossible d’offrir un produit à 39 $ pour toute la vie à un nombre de sites illimité.

X : Et du coup alors, je ne sais pas comment fonctionne un plugin de ce type, mais est-ce que le fait d’avoir de plus en plus de vente, de plus en plus de licence et d’avoir de plus en plus de sites qui utilisent le plugin, est-ce que vous, vous avez aussi en plus une infrastructure serveur qui grossit aussi en parallèle et qui du coup justifie aussi le fait que tu ne peux pas vendre des licences illimitées à 39 $ ?

J : Qu’est ce que tu entends par structure ?

X : Au-delà du site web qui permet de vendre des produits par exemple, je ne sais pas si la gestion de toutes les optimisations de cache ça va être propre au site qui va l’utiliser. Ou, est-ce qu’il y a éventuellement l’utilisation d’une infrastructure propre à WP Rocket qui a besoin de… ?

J : Sur ce produit-là, ça se fait tout sur le site. Il y a juste chez nous où en fait nous, c’est aussi la salle, l’un aussi des avantages de ce plugin-là par rapport aux concurrents, c’est qu’on a un préchargement intelligent. Dans le sens où quand tu mets à jour un article, et bien la plupart des plugins quand tu vas mettre à jour un article, ils vont supprimer tout le cache. C’est un peu bête dans le sens où du coup il va falloir attendre que les visiteurs visitent la page pour pouvoir générer le fichier de cache et qu’il soit servi aux autres. Nous, c’est totalement différent. Jean-Baptiste a, dès le départ, dès la première version, créé un robot en Python. Donc du coup Python, il est quand même beaucoup plus performant que PHP. Ça va beaucoup plus vite pour crawler un site. C’est-à-dire qu’on supprime tout le cache, c’est-à-dire tous les fichiers de cache relatifs, la page d’accueil et l’article en lui-même, l’article suivant, le précédent… Bref, tous les articles qui sont relatifs. Toutes ces URL-là, on les stocke dans un « .gz » qu’on envoie au robot et il va les parser. Et donc du coup, il simule une visite et ça génère les fichiers de cache. Et c’est ça, c’est la seule charge serveur qu’on a chez nous, mais ça coute… C’est dérisoire. On a donc un serveur par robot. Ça doit nous couter, je ne sais pas, 10 € par mois ou 20 € par mois. C’est dérisoire, hein !

X : Donc en tout cas, ce n’est pas une raison comme j’avais peut-être pu le penser sur le fait qu’on ne peut pas non plus recevoir des milliers et des milliers de sites parce qu’effectivement, il y aura une infrastructure derrière.

J : Non, non. Là, il y a 45 000 sites. Le préchargement fonctionne pour 45 000 sites et 6 VPS qui coutent, je crois que c’est 10 € par mois même pas.

X : Effectivement, le script en Python est performant alors !

J : Pour info, Jean-Baptiste utilise la librairie qui s’appelle : Scrapy. Je vais vérifier vite fait si je ne dis pas de bêtise, mais de mémoire, je crois que ça s’appelle Scrapy.

X : Et du coup, ce serait disponible sur GitHub, c’est ça ? Ou quelque chose comme ça !

J : C’est une librairie Python. Donc je ne sais pas du tout comment fonctionne Python. Je ne sais pas la bonne personne. D’ailleurs, c’est Scrapy.org. Voilà, si ça peut aider des personnes.

X : OK. Alors, justement on disait tout à l’heure que vous avez décidé d’être indépendants et de ne pas profiter de la puissance marketing d’une plateforme comme CodeCanyon. Alors, comment vous avez fait au départ pour vous faire connaitre ?

J : En fait, ça a été très simple. On a d’abord créé une petite page, une landing page pour récupérer des emails. Après, on a un peu teasé sur Twitter, Facebook, demandé aux amis de partager, etc. cette page-là. Donc on a récupéré, je crois que c’était 500 emails. Donc ça permet déjà d’avoir une petite base de mails à prévenir lors du lancement. Et avant ça, on a demandé à quelques personnes de le tester, de la communauté française Wordpress. Donc on avait à l’époque Fabrice Ducarme WP Formation, Alexandre que tu as interviewé de WP Marmite maintenant. Enfin bref voilà, quelques personnes de la communauté pour leur présenter le produit en exclusivité et puis après et bien s’ils étaient intéressés d’écrire un article dessus. Et dès le lancement, il y a le mail, il y a la newsletter aux 500 personnes. Et ce qu’on a fait, c’est qu’on a envoyé à peu près, je pense, une centaine de mails à des blogueurs en leur envoyant un message très simple qui est : « On se présente, nous sommes un groupement de développeurs, nous venons de développer un nouvel outil. C’est un plugin de cache qui permet de faire ci, ça, ça, ça, ça, ça, ça. Si vous êtes intéressé, nous pouvons vous fournir une licence gratuitement et puis, après si ça vous plait vous écrivez un article et si ça ne vous plait pas, vous pouvez aussi écrire un article ». En gros, on proposait de tester le produit gratuitement en échange de rien du tout. En gros, si ça vous plait vous le gardez, vous ne voulez pas écrire d’article et bien vous n’écrivez pas d’article, si ça ne vous plait pas, vous en écrivez un aussi. Et à 99,9 %, quand quelqu’un le testait, il écrivait un article derrière.

X : OK. Et donc vu que le plugin en lui-même est performant du coup, c’était des articles qui étaient positifs et donc qui ont fait connaitre le produit au plus grand nombre.

J : Oui. Tout à fait. Après il ne faut pas non plus… Des articles pas bons, c’est aussi bien ! Dans le sens où, sur à peu près 300 articles maintenant où on en a 2 qui étaient mauvais. Le premier assez tôt par Amaury Balmer qui est quelqu’un d’assez connu dans la communauté française et ça a été un article, malgré qu’il y a des critiques sur le produit, ça était justement un article qui était très constructif. Il y a des articles qui disent : « C’est bien. C’est bien. C’est bien ». C’est bien, mais du coup, on n’a pas d’idée pour l’améliorer. Et un article qui vous dit : « Ce n’est pas bien pour ci, pour ci, pour ça » et bien du coup ça vous donne des idées pour pouvoir régler ces problèmes-là justement. Et donc suite à cet article-là on a vraiment amélioré le produit et pareil, il y a eu récemment, un article au mois de, on est déjà en octobre ça passe vite, ça devait être au mois de mars ou avril qui critiquait certaines choses. Eh, bien, on les a réglées un mois et demi après.

X : Donc du coup là, vous avez converti deux nouvelles personnes en leur montrant que vous étiez réactifs ... Vous avez eu des retours après de ces personnes-là justement sur leur nouvel avis finalement ?

J : Pas de nouvel avis sur la nouvelle version. Oui, c’est, je crois, la personne qui a sa licence qui expire dans 6 ou 7 ans. Donc bref, il a déjà renouvelé sa licence pour 6 ou 7 ans. Donc ça prouve que du coup le produit avec ces modifications lui plait.

X : C’est parfait. Et du coup quand tu disais, vous avez contacté une centaine de blogueurs, à ce moment-là ce n’était que des blogueurs français ou vous étiez déjà parti plus à l’internationale ?

J : Que des blogueurs français donc en fait, on a fait très simple. On a tapé W3 Total Cache test, WP Super Cache test. Justement, on recherchait des gens qui avaient écrit des articles sur nos concurrents en leur présentant notre produit. On n’a pas fait bien compliqué.

X : Et du coup en terme de retour, vous avez eu combien d’articles par rapport à ces 100 emails par exemple ? À la louche ?

J : À la louche... Je peux te dire combien on en a, mais par contre la conversion, c’est un peu compliqué. Je ne saurais pas te le dire. Je ne préfère pas donner de chiffre parce que je ne sais pas du tout s’il serait près ou loin de la réalité. Mais ça a fonctionné, c’est ce qu’il faut savoir.

X : Oui. Ça, a vraiment permis de lancer la machine sachant que vous partiez de zéro. Après, toi, tu avais ton blog, du coup je suppose que tu en as profité aussi à ce moment-là pour partir. Et puis, je ne me rappelle plus du prénom du troisième, mais je sais que Julio aussi, il a une communauté de gens qui le suivent donc après vous vous êtes aussi servi de ça pour débuter.

J : Tout à fait.

X : Au final donc, vous vous êtes concentré sur le marché français pendant combien de temps à peu près ?

J : Pendant 8 mois.

X : Pendant 8 mois et ensuite, vous avez décidé de passer à l’internationale ?

J : Tout à fait. Si c’était à refaire, on commencerait l’international dès le départ. En fait à l’époque, on se disait qu’on ne veut pas se lancer parce que le produit n’est pas assez mature, on veut le tester, etc. Le truc, c’est que le marché… Se lancer à l’internationale, ça permet d’avoir un échantillon de clients qui est plus gros. Et d’améliorer le produit plus rapidement puisque du coup on a plus de retours clients. Alors après, ça dépend dans quelle niche on est. Mais dans Wordpress, faire un plugin Wordpress ou une boutique de thème Wordpress, faire un business Wordpress, quel qu’il soit, juste en français, je ne pense pas que ça puisse fonctionner. Ou alors, il faut être tout seul. Mais il ne faut pas espérer gagner. On peut gagner pas mal, mais… C’est simple, nous, on est très transparent sur les chiffres donc tous les mois on publie nos chiffres d’affaires sur le blog, notre grille de salaire est publique. Donc c’est simple, notre meilleur mois quand on était juste en France, c’était 6600 €. Et notre meilleur mois à l’étranger, c’est 100 000 €.

X : Ah oui, effectivement.

J : Voilà, enfin, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Du coup maintenant si j’ai un conseil à donner c’est de se lancer à l’internationale dès le départ. Ça ne sert à rien d’attendre.

X : OK. Du coup d’un point de vue marketing, vous avez suivi la même démarche que pour le marché français ou vous avez d’autres choses peut-être ?

J : Exactement pareil. Quand on s’est lancé à l’internationale, on a refait la même requête sauf qu’à la place de mettre « test » on a mis « review » en anglais.

X : Et vous avez été sur google.com et pas « . fr ».

J : C’est ça et on a spammé ! Enfin, spammé... On a envoyé, c’était plus important, entre 200 et 300 mails et puis on a eu des retours, etc. Par rapport à Wordpress, des blogs sur lesquels on peut compter pour faire un article sur nous. Alors il faut bien se présenter, hein ! Il faut présenter l’intérêt aussi au blog, il y a WP Tavern : wptavern.com de mémoire. Si vous vous lancez en international, n’hésitez pas à contacter Sarah ou Jeff qui s’occupent de la rédaction sur ce blog-là. Ils vous accueilleront à bras ouverts et puis ça sera déjà une bonne vitrine. Il faut savoir que WP Tavern en fait, il est financé par le fondateur de Wordpress. C’est un blog qui a du trafic et c’est un blog qui est très lu et très recommandé.

X : Et du coup, est-ce que vous avez rencontré d’autres défis justement dans cette évolution à l’internationale que vous pourriez partager ?

J : Eh bien, en fait, en France, Julio et moi, on était plutôt connu dans la communauté Wordpress. Donc c’était plus facile pour avoir de la crédibilité. Et à l’internationale, on n’est personne donc du coup, ça a été beaucoup plus difficile à avoir une crédibilité envers les gens, envers les blogueurs justement parce que les blogueurs ne nous connaissaient pas. Donc du coup, ça a été plus compliqué pour convaincre les gens d’écrire un article, de parler de nous, etc. Après une fois que la crédibilité et là, et bien après c’est beaucoup plus facile, mais le départ, ça serait plutôt la difficulté à se faire connaitre et à faire connaitre le produit. Il n’y a pas grand-chose à faire, je pense, par rapport à ça à part de faire tester le produit et de montrer qu’il est bien.

X : Du coup, j’ai vu que sur votre site, le site aujourd’hui donc par défaut il est en anglais, vous avez une version française, allemande, italienne et vous n’avez pas d’espagnol ?

J : En fait, le truc, au début, on était en français. Après on a fait traduire en anglais, en allemand et en italien. Alors pour l’anglais et pour l’italien, on n’est pas passé par des natifs, passé par des personnes qui parlent l’anglais et qui parle l’italien, mais pas par des natifs. Et ils ont fait du très bon travail, mais le truc, c’est qu’un natif fera toujours du meilleur travail que quelqu’un qui a appris la langue parce qu’il y a des expressions bien spécifiques à chaque langue. Et ça, on l’avait que sur la version allemande et sur la version allemande, on l’a bien vu, on n’a jamais eu de remarque sur la traduction de la version allemande. Tandis que sur la version anglaise ou la version italienne, on a eu beaucoup de remarques sur la traduction et donc du coup on a décidé de prendre un natif pour la version anglaise et un natif sur la version italienne, mais on n’a pas trouvé de natif sur la version espagnole ou autre, quoi ! Donc si un jour d’on trouve quelqu’un natif espagnol qui peut nous faire la traduction du site, on fera pareil.

X : Mais après, c’est peut-être un peu comme on disait tout à l’heure. C’est-à-dire que vous pouvez partir sur une première version qui ne sera peut-être pas tip top et aux petits ognons et puis après l’améliorer au fil du temps. Parce qu’enfin, moi, dans ma tête, je me dis qu’un marché, enfin le marché espagnol, il parait beaucoup plus conséquent que l’italien par exemple.

J : Je ne saurais pas le dire. Je ne saurais pas te dire. Je ne sais pas. Je n’ai pas assez d’expérience sur ces deux marchés-là. Nous, en ce qui nous concerne, en terme de vente, c’est pareil, c’est kif-kif. On a autant de vente en italien qu’en espagnol alors qu’il n’y a pas de version espagnole.

X : Alors, il y a un truc que je ne dois pas comprendre. Tu me dis qu’il y a autant de vente en espagnol qu’en italien alors qu’il n’y a pas de version espagnole ?

J : Tout à fait. Et justement, nous ça nous surprend beaucoup. On pensait que justement que la version parce que les Italiens ne sont pas « doués », ce n’est pas négatif ce que je dis, c’est parce que leur deuxième langue, c’est le français. Ce n’est pas comme nous, notre deuxième langue, c’est l’anglais donc on comprend. Il y a plus de Français qui comprennent l’anglais que d’Italiens. Et donc du coup, justement on pensait qu’en traduisant le site en italien et bien, on allait mieux convertir sur le marché italien, mais pas du tout. Ça a aidé, mais pas autant que l’Allemagne, par exemple.

X : Et du coup, les Espagnols, ils achètent en anglais finalement ?

J : C’est ça.

X : D’accord. Dans ce cas-là effectivement, pourquoi… et puis oui ! On peut se dire peut-être aussi que les gens qui sont un peu dans cet univers de Wordpress et qui travaille sur le web et tout ça, ils ont surement une culture anglophone qui est peut-être un peu plus élevée que je ne sais pas la personne lambda. Et donc du coup, ils sont plus à même de parler anglais et donc ça facilite peut-être la chose.

J : Au niveau des traductions, je pense que ce qu’il y a à faire c’est en français-anglais, normal. Après allemand, c’est une très grosse communauté Wordpress en Allemagne et brésilien, si vous arrivez à trouver un natif brésilien. Il y a une très très grosse communauté au Brésil.

X : OK. Un petit conseil en passant pour tous ceux qui développent leurs propres plugins et qui voudraient évoluer dans ce sens-là. Aujourd’hui donc, comme tu disais tout à l’heure, vous avez plus 45 000 sites qui utilisent le plugin alors forcément en face, vous avez du faire grossir votre équipe. Et c’est sur quel type de poste principalement vous avez fait évoluer ça ?

J : En tout premier, ça a été le support parce que du coup et bien plus de clients, plus de support. Donc du coup, décembre 2014, je n’aime pas le terme embaucher, on va dire on a intégré Lucy qui est une Américaine. Donc du coup, ça permettait de répondre à la time zone américaine. Puisque nous, on était donc 3 Européens, 3 Français donc on ne pouvait faire que la time zone européenne. Et puis vu qu’on commençait à avoir de plus en plus d’Américains, de Canadiens et de personnes habitant en Amérique du Sud, eh bien, il nous fallait quelqu’un sur cette time zone-là. Après il y a eu Marco, toujours dans le support. Là, pour la time zone européenne au mois de mars, de mémoire. Donc on s’est vraiment concentré sur des personnes sur le profil support. C’est surtout là où on avait le besoin parce que du coup nous on passait notre temps à faire du support. Ce n’est pas que c’est mal, hein ! Chez nous, tout le monde fait du support. Parce qu’un développeur fera toujours du support. Et un dirigeant fera toujours du support parce que le support, c’est le lien direct entre ton produit et tes clients. Et c’est là où tu as plus de retour. C’est lors d’un ticket de support que tu vas avoir les différents bugs donc tu vas pouvoir corriger ton produit ou qu’un client va te faire une suggestion et bien ça, ce serait bien de l’améliorer, etc. Donc pour un développeur, pour qui que ce soit dans la start-up, c’est pour nous un indispensable. Tout le monde passe par le support à un moment où à un autre, sauf le designer. Bon, bien, le designer, il n’intervient pas sur le produit, sur le code du produit et sur l’aide des clients. D’ailleurs, on sait d’abord que voilà, il faudra vraiment se concentrer sur le support pour que nous, on puisse justement se reconcentrer sur le fix des bugs, sur la résolution des bugs, la création de nouvelles fonctionnalités, etc.

X : OK. Et du coup, vous êtes combien aujourd’hui chez WP Media ?

J : Aujourd’hui, on est 11. À savoir que ce n’est pas 11 personnes qui travaillent sur WP Rocket. En fait, à un moment on s’est posé une question. On commence à gagner, 10-15-20-30-50 000 € par mois. Qu’est ce qu’on veut faire ? Est-ce qu’on veut s’en foutre plein les poches ? Ou continuer à profiter de cette manne d’argent de WP Rocket ?

X : Juste pour avoir une idée, s’il devait y avoir des gens que sur WP Rocket, vous avez besoin d’être combien ?

J : Là, 5 personnes, ça doit suffire.

X : 5 personnes, ça suffirait. Alors oui, si tu fais un mois à 100 000 € avec 5 personnes alors oui, forcément.

J : Tu fais vite le calcul.

X : Oui, oui.

J : C’est peut-être un peu bisounours ce que je vais dire, mais on ne fait pas ça pour l’argent. On fait d’abord ça pour le plaisir. L’argent, il y a un côté argent après bien sur, c’est normal ! Mais avant tout pour le plaisir. Il ne faut pas se lever le matin et se dire : « Ah, merde, je vais au travail ! » C’est non. « Je me lève, je vais améliorer mon produit ». C’est le plaisir de travailler qui nous importe en premier et justement, c’était, voilà : « Est-ce qu’on continue sur un produit et on profite de ce produit-là ? Ou est-ce qu’on profite justement de cette manne d’argent pour pouvoir investir cet argent-là et travailler sur d’autres projets ? » Et c’est ce qu’on a décidé de faire. Il faut savoir que de juillet 2013 à février 2015, on ne s’est pas versé de salaire. Les 3 fondateurs ne se sont pas versé de salaire jusqu’à février 2015 de cette année. Pendant plus d’un an et demi, on n’a pas récupéré d’argent avec ce projet-là. Et justement, on a eu une croissance très rapide en fait, c’est ce qui nous a permis d’embaucher très rapidement plusieurs personnes. Parce que justement, on avait l’argent de côté et on savait qu’on pouvait embaucher, qu’on pouvait intégrer plusieurs personnes pendant X années sans courir aucun risque. Et donc du coup, et bien, on a décidé d’intégrer plusieurs personnes dans WP Rocket et on a décidé d’investir dans de nouveaux projets. Donc on a 3 nouveaux projets, dont Imagify. Enfin sur 3 nouveaux projets, je ne suis pas là pour faire ma pub non plus.

X : Si si, vas-y. Dis-nous. Moi, je veux savoir.

J : Oui. Très rapidement, Imagify qui est un produit d’optimisation des images. On se rend compte très rapidement que la rapidité d’un site, ça passe par un plugin de cache mais aussi par l’optimisation du poids des images. Sur un site web entre 60 et 70 % du poids d’une page, ça vient des images. Donc si on réduit de moitié le poids des images, et bien on réduit quasiment aussi de moitié le temps de chargement. Donc voilà, ensuite, un plugin de sécurité puisqu’on a la chance d’avoir un spécialiste sécurité dans l’équipe. Et ensuite, une boutique de thèmes, de thèmes premium Wordpress. En fait, on souhaite tester un peu tous les projets, tous les business models. En fait, là, on a 4 produits et on a 4 business models différents. Donc on a WP Rocket qui permet d’avoir le modèle premium, c’est-à-dire un plugin qui est uniquement payant. On a ensuite un modèle qui est freemium. Donc c’est-à-dire, le plugin : une partie gratuite et une partie payante qui apporte des fonctionnalités en plus. On a ensuite un modèle SAS, c’est-à-dire un paiement récurent donc un paiement tous les mois, un service que l’on doit payer tous les mois. Et enfin une boutique de thèmes qui a un business model différent d’un plugin parce qu’une boutique de thèmes, eh bien, on vend plusieurs thèmes et donc c’est une approche qui sera encore différente en terme de gestion.

X : OK. C’est cool. En tout cas, c’est bien parce que vous avez plein de choses sur lesquelles travailler. Alors je vais juste revenir sur la question du recrutement et de faire grossir vos équipes. Parce que du coup, est-ce que vous avez… Je ne sais pas comment vous avez géré cette question-là. Comme tu disais donc, la question ne se pose pas, vous êtes tous en télétravail. Parce qu’il y en a aux États-Unis, il y en a en France. Je crois qu’une de vos dernières recrues est en Italie, si je ne me trompe pas.

J : C’est une Italienne qui vit en Espagne.

X : Ah, OK, d’accord. Pardon, je me trompe. Mais du coup, comment vous avez géré ça ?

J : Alors, comment on gère la relation entre nous ou… ?

X : Ça, ce serait intéressant aussi, mais le recrutement déjà au départ ?

J : Alors, au départ le recrutement, nous, on n’y connaissait rien du tout. Alors, il y a un article, je ne me souviens plus du nom, mais qui se trouve sur le blog de Barmetrix. C’est une startup américaine, on s’inspire beaucoup d’elle. On s’inspire beaucoup de Buffer, de Barmetrix, enfin de pas mal de startups américaines. Barmetrix avait écrit un article sur, justement, comment eux, géraient leurs recrutements. Du coup, on s’en était inspiré donc au niveau des recrutements, ce qu’on avait fait, c’est qu’on… À l’époque, on se servait d’une application simple, d’une application qui s’appelle Workable qui permet justement de gérer toute la partie recrutement. Donc on a une fiche candidat, on peut envoyer des mails en masse et puis après on peut trier par étape. Donc, sélectionner, étape 1, étape 2, interview, etc. Et en gros, notre système de recrutement était assez simple. À l’époque, il était d’un entretien par Skype écrit. Et ensuite, si on avait bien le feeling, on en sélectionnait 2 et on faisait un entretien oral. Maintenant, ça a un peu changé parce que justement on a eu, c’est comme tout, il y a des itérations de partout, il y a des itérations sur le produit, mais aussi des itérations sur le mode de recrutement. En fait, l’entretien par chat sur Skype, il a un désavantage. C’est qu’on pose une question et le truc, c’est qu’on n’en sait pas quand est-ce que la personne tape et quand elle va terminer. On ne sait pas si quand elle a mis sa réponse, elle va enchainer une nouvelle réponse ou pas. Et on a eu l’exemple, enfin le cas, lors d’un recrutement, la personne était sur iPad. Et du coup, sur iPad, ça ne te met pas : la personne est en train de taper. Et donc tu ne sais pas s’il faut que toi tu enchaines avec ta nouvelle question ou si tu dois attendre que la personne est en train de compléter sa réponse. Et du coup, ce qu’on a décidé c’est que dans l’offre d’emploi, on pose 2 questions qui sont pour nous essentielles et qui sont : « Pourquoi vous voulez travailler dans une petite startup au lieu d’une grosse ? Et pourquoi la nôtre ? » Et la deuxième qui est : « Pourquoi vous voulez travailler avec nous ? » Et du coup, et bien ces questions qu’on posait justement pendant l’entretien écrit sur Skype, maintenant on les pose par défaut dans l’entretien, dans l’offre d’emploi. Et ça permet de faire un bon tri déjà. Bien trier et puis après, on fait un entretien oral. On fait un entretien oral sur Skype avec la personne. Et ensuite, on fait un brief à toutes les personnes qui travaillent sur le projet. En fait, toutes les personnes qui travaillent sur le projet ont un regard sur les différentes candidatures pour nous donner leurs avis parce que c’est des nouvelles personnes avec qui ils vont travailler tous les jours. Donc c’est très important qu’ils sentent bien les nouvelles personnes qui vont être intégrées. Donc si on n’a pas après le « oui » de tout le monde, on ne prend pas la personne. Donc pour le moment ce n’est jamais arrivé parce que du coup, les 2 questions permettent de voir, de connaitre la philosophie de la personne qui est pour nous très importante. D’avoir une philosophie et une culture de la startup de faire grandir le projet et de se l’approprier. Ce n’est pas parce que nous sommes 3 fondateurs de WP Rocket que les nouveaux ne peuvent pas s’approprier et que ça ne peut pas être leur bébé. Au contraire, il faut que ce soit aussi leur bébé parce que si c’est leur bébé, ils vont beaucoup plus s’investir et ils vont être beaucoup plus productifs et ils ne vont pas avoir envie de partir. C’est un peu notre processus de recrutement qui, pour moment, fonctionne plutôt pas mal.

X : Vous étiez 3 à l’origine, est-ce qu’avec le temps, avec la création de la structure et tout ça, vous vous êtes défini des rôles clairs ? Je ne sais pas, est-ce que ça va être, le mot n’est peut-être pas approprié, mais est-ce qu’il y a un patron qui prend la décision à un moment ou à un autre ou comment vous vous êtes organisé ?

J : Alors, chez nous, il n’y a pas de patron ! Enfin…

X : Voilà, j’ai dit, il y a surement un autre mot plus approprié… je te laisse finir.

J : Mais en fait, c’est enchainer sur le fait qu’on a un management à l’horizontale. C’est-à-dire, que ce soit un fondateur ou quelqu’un qui est sur n’importe quel poste, surtout poste important, même quelqu’un qui est sur le support est quelqu’un qui est très important parce que justement, c’est la personne qui est en lien direct entre le client et le produit. Chaque membre de l’équipe a son mot à dire. Que ce soit sur la gestion d’entreprise, que ce soit sur le lancement de nouveau produit, que ce soit sur n’importe quoi, tout le monde a son mot à dire et on écoute tout le monde. La seule différence entre tous nos team mates, je suis désolé, je n’ai pas de traduction littérale pour team mates, on va dire « collègues », mais je n’aime pas, on déteste le mot employé. La seule différence, c’est que c’est nous qui signions les papiers d’avocats, les papiers… Voilà, on signe la paperasse, quoi ! C’est un peu « la seule différence » en terme de gestion et de décision.

X : OK. Et donc du coup, tu l’as évoqué rapidement aussi, peut-être quels sont les processus que vous avez mis en place au quotidien pour justement faire travailler tout ce beau monde ensemble ?

J : Alors, oui, il a fallu y penser très rapidement. Alors en fait, tous les lundis et vendredis, on a des briefs. En fait, le lundi, sur chaque projet... Alors au début, on faisait une réunion avec tout le monde, sauf que maintenant faire une réunion avec 10 personnes d’un coup, ce n’est pas possible. Donc en fait, on fait des réunions tous les lundis. « Nous », c’est Jean-Baptiste et moi. On fait des réunions sur chacun de projets avec tous les membres du projet pour savoir ce qu’on va faire dans la semaine. Donc tout le monde nous dit : « Cette semaine, je prévois de faire ci, je prévois de faire ça, tatati, tatata ». Et le vendredi, et bien on refait une réunion sur chacun des projets avec tous les membres du projet pour dire : « Cette semaine, j’ai pu faire ça. Cette semaine, je n’ai pas fait ça. J’ai rencontré telle difficulté », etc. Et depuis peu, on essaie de faire en sorte que les team mates soient autonomes entre eux dans les différents pôles. Donc là, le pôle support sur WP Rocket, c’est 4 personnes. Du coup tous les mercredis, ces 4 personnes-là ont une réunion entre elles. Et à chaque réunion, il y a un sujet précis. « J’ai remarqué qu’il y a ça qui se répète souvent dans les tickets » ou enfin voilà. Ils parlent, ils s’autogèrent entre guillemets, pendant cette réunion-là et puis ils se font des suggestions, des recommandations, etc. Et puis nous, il y a une personne responsable sur chacune des réunions et puis ça tourne un petit peu. Ça tourne à chaque fois et c’est quelqu’un d’autre qui est responsable de gérer le meeting. Ça permet à tout le monde d’être impliqué au même niveau. Toujours dans le souci de ne pas avoir de différence de grade, de ne pas y avoir de jalousie, etc. Et cette personne-là nous fait un brief comme ça J-B, enfin les fondateurs peuvent lire ce qui s’est passé. Pas forcément que les fondateurs, tout le reste de l’équipe. Les 11 personnes peuvent lire ce compte rendu et savoir ce qui s’est dit pendant ce meeting-là. Et en discuter via les commentaires. On utilise les messages sur un site, on peut commenter les briefs, etc. Et du coup, et bien, ça aide à améliorer les produits, etc.

X : OK. Je pense que ça peut être intéressant pour les auditeurs et les auditrices sans peut-être tous les citer parce que je suppose qu’il y en a beaucoup, mais peut-être quelques outils dont vous ne pourriez vraiment plus vous passer dans ce quotidien.

J : S’il y en a un, si on doit retenir un, c’est Slack. Slack, pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, c’est l’application qui va tuer Skype. Ni plus ni moins. Nous, on passait par mail et par Skype pour communiquer entre nous auparavant. Et depuis qu’on a utilisé Slack et bien on utilise Slack. On n’utilise plus de mail pour communiquer entre nous, on n’utilise plus Skype. Pourquoi ? Parce que Skype, l’avantage est qu’on peut créer des channels. Donc du coup, et bien on a un channel support, un channel marketing, un channel pour chacun de nos projets, un channel français, un channel anglophone, un channel où on fait des conneries avec des GIF, etc. Enfin voilà, on a plusieurs channels. Et puis on a un historique des fichiers qui sont… L’avantage de Slack par rapport au mail, c’est que dans un mail quand tu veux retrouver un fichier qu’on t’a envoyé par mail. C’est impossible. On ne peut pas rechercher une pièce jointe. Dans Slack, tu peux rechercher un fichier qu’on t’a envoyé. Oui, c’est vraiment pour une façon pratique, c’est Slack, quoi. Et puis Slack avec la version payante pour les discussions, une discussion à 11 sur Skype, c’est quasi impossible. Et en fait, Slack, avec la version payante intègre Screenhero. Et Screenhero permet d’avoir des conversations ensemble. Et l’un des gros points forts de Sreenhero, c’est qu’on peut faire un partage d’écran. Et quand je dis partage d’écran, c’est un vrai partage d’écran. Ça veut dire, par exemple, que vous êtes 2 développeurs, pour votre écran à un autre développeur, vous mettez votre éditeur de code, Coda, ce que vous voulez. L’autre développeur prend le contrôle de l’ordinateur. Ça veut dire qu’il peut écrire et modifier le fichier. Et ça quand on est plusieurs développeurs, un à Lyon et l’autre dans le Nord, pouvoir prendre le contrôle sur le code de l’autre personne et pouvoir discuter avec elle, c’est génial ! Et ça, on ne peut pas avec Skype.

X : Pour avoir juste une idée, ça coute combien Slack ?

J : Slack, c’est gratuit. C’est un modèle freemium donc il est gratuit. On est limité à 10 000 messages dans l’historique et on est limité à quelques trucs. Et après en version payante donc, il y a plusieurs versions payantes. Nous, on a la toute première version payante qui est à, je crois, 12 $ par personne.

X : C’est tout à fait raisonnable, quoi !

J : Oui. J’avais vu le paiement de J-B qui avait pris un an, ça nous a fait 910 $ pour 11 personnes. Ce qui est en soi, par rapport au service qu’elle rend, 910 $, ça fait 850 balles. C’est que dalle !

X : Alors, peut-être juste pour un peu conclure parce qu’on a pu le constater tout au long de ce podcast et puis on le voit par exemple sur votre blog où c’est ce que tu disais, vous êtes très ouverts sur vos chiffres, sur vos taux de satisfactions clients, sur les évolutions à venir de vos produits. Et du coup, qu’est-ce qui vous a motivé dans cette culture de la transparence ? Et est-ce que, je ne sais pas si c’était forcément le cas dès le départ, mais est-ce que vous pensez que ça a aussi un impact du coup sur le business ?

J : En fait, pourquoi ? C’est suite à notre expérience, à nos expériences en tant que salariés auparavant en agence. De septembre 2014 à décembre 2014 avec Jean-Baptiste, on est parti 3 mois aux États-Unis. On a vécu 3 mois à San Francisco. Pourquoi San Francisco ? C’est parce que c’est la ville du web. Il y a 20 % des gens qui travaillent dans le web. Je ne sais pas si on peut se rendre compte, mais 20 %, c’est juste énorme. En France, ça doit être 0,1 %. C’est juste un truc de dingue, quoi ! Donc du coup, si on veut s’imprégner, pour s’imprégner de la culture américaine web, c’est l’endroit où aller. Et vraiment, ce voyage-là nous a totalement changés, a changé notre vie en terme de gestion, de startup, etc. Les Américains sont vachement plus pragmatiques sur plein de choses. Dans le sens où, si on échoue ce n’est pas grave. Tu vas apprendre de tes erreurs et tu vas relever ta tête. En France, tu as échoué, et bien tu es un pauvre looser. Et si tu réussis, et bien : « Tu as réussi, comment tu as fait ? » En France, tu as réussi, tu es un enfoiré. « Je suis sûr qu’il vend de la drogue ou je ne sais pas, ce n’est pas normal qu’il se fasse autant d’argent ». Il y a un côté jaloux qui est très fort dans notre culture. Et puis, ils sont ouverts sur tout, quoi ! C’est Buffer, je ne sais pas si… Je crois que c’est les premiers à avoir instauré là règle, ce n’est pas une règle justement, le pas d’horaire. Je ne sais plus si c’est Buffer ou Netflix. Non, je crois que c’est Netflix. C’est l’inverse. Buffer sont connus pour pouvoir justement publier leurs chiffres et mettre leur grille de salaire publique. Et Netflix, si je ne dis pas de connerie, en tout cas c’est les premiers que j’ai connus à faire ça. C’est qu’il n’y a pas d’horaire chez Netflix. Et en gros, ça veut dire que si tu ne veux pas travailler le matin, tu ne travailles pas le matin et si tu es plus efficace la nuit, de minuit à 3 h du matin et bien tu travailles pendant cet horaire-là. En gros, et bien ils sont plus souples sur tout ce qui est règle. Nous, on a des règles. C’est de 9 h du matin pour faire 6 ou 7 h par jour. On ne peut pas faire d’heure sup parce que si ça coute trop cher à l’État, ça coute trop cher. Ils sont ouverts sur tout, ouverts sur tout et il n’y a pas d’autres mots en fait. Il ne se prend pas la tête en fait. Et on s’en est beaucoup inspiré. Je donnerais des exemples juste après. Et notre expérience en agence ou typiquement ce qui tue l’ambiance au travail, l’une des raisons qui tuent l’ambiance au travail dans certaines sociétés, c’est le tabou sur l’argent. En France, on va te payer en fonction de tes diplômes et en fonction de ton année d’expérience. Ce qui n’a aucun sens. Ce n’est pas parce que tu as 10 d’expérience et que tu as deux Bac+5 que tu vas être forcément meilleur qu’un autodidacte qui a 6 mois d’expérience et aucun diplôme dans le même domaine. C’est les compétences qui comptent. Moi, je donne toujours cet exemple-là, en terme de salaire, c’est que la dernière agence où j’ai travaillé quand j’ai fait mon entretien, la première chose que le patron m’a dit, c’est : « Monsieur, si vous voulez qu’on continue l’entretien, il faut revoir votre prétention salariale à la baisse ». Donc j’ai passé mon temps, j’ai passé une heure à me défendre, pourquoi je voulais le salaire que j’avais demandé. Et il me disait : « Mais vous voyez, vous n’avez que 6 mois d’expérience en agence, vous avez juste un Bac+3 et nous dans l’agence, on a quelqu’un, ça fait 5 ans qu’elle est là et elle a un Bac+5 ». Oui, mais est-ce que pour autant que je suis moins bon qu’elle, que cette personne-là ? Pas forcément. Et en fait, comment on peut expliquer à quelqu’un qui a le même poste, le même profil, mais parce que la personne a mieux réussi pendant son entretien à se vendre et bien, elle va aller négocier 500 € de plus sur son salaire et que l’autre elle va être, on va dire, à 2000 € et l’autre à 2500 € parce qu’elle a mieux blablaté pendant son entretien. Il n’y a aucune logique là-dedans. Donc c’est pour ça qu’on a vraiment voulu très tôt s’inspirer des Américains : grille de salaire publique et basée sur des bonus. Pas d’horaire de travail donc vous travaillez quand vous voulez, vous prenez des vacances quand vous voulez dans la mesure du raisonnable. Ce n’est pas 6 mois d’affilés. Mais par exemple, si quelqu’un veut prendre sa journée demain, et bien, pas de souci, prend ta journée demain et puis tu reviens vendredi. Et justement, c’est ce qui permet d’avoir une ambiance d’équipe qui est très saine. Chez nous, tout le monde connait les salaires des autres, et tout le monde connait nos salaires. Et quand on termine l’entretien, la personne sait tout de suite combien elle gagnera, combien on va lui proposer. Il n’y a pas de négociation possible.

X : Oui. C’est même avant le début de l’entretien, elle le sait.

J : C’est même avant le début de l’entretien. Il n’y a pas de négociation possible. Avantage et inconvénient ! C’est que pour nous, l’avantage, c’est qu’on sait combien on va payer une personne. L’inconvénient, entre guillemets pour la personne, c’est qu’elle ne peut pas négocier son salaire. Mais l’avantage, c’est qu’elle peut savoir, combien elle va pouvoir gagner aussi dans le futur puisque le salaire est basé sur des bonus. Donc pour expliquer brièvement notre grille de salaire, c’est que chaque métier a un salaire de base. Et ensuite, il y a des bonus en fonction de certains critères. Donc le seul critère qui est décidé par nous même, c’est le niveau. On va dire que, on a 3 niveaux, on a junior, intermédiaire et avancé. On juge le niveau en fait, c’est-à-dire les compétences qu’on pense que la personne a sur ce poste-là. Donc junior, tu as 0 % de plus sur ton salaire de base. Intermédiaire, tu as 10 % de plus et avancé, tu as 20 % de plus. Et il n’y a jamais personne qui commence en avancé. Le produit, tu ne peux jamais le connaitre en arrivant chez nous. C’est impossible. Donc, soit tu commences en junior ou soit tu commences en intermédiaire parce que tu as des compétences en Wordpress, tu as des compétences qui sont prouvées et donc du coup, on ne va pas te mettre « junior » parce que tu as quand même un certain niveau donc, on va te mettre intermédiaire. Ensuite, en fonction de là où tu habites, ça évolue. Par exemple Lucy qui est une Américaine qui vit à Los Angeles. On ne peut pas la payer 2000 €, quoi. Parce que c’est juste le prix de son loyer. Donc c’est pour ça que c’est elle qui a le salaire le plus haut, qui est à 5000 $. Mais les 5000 $, il faut savoir qu’elle a un bonus qui est de 2100 $, juste par rapport à sa localisation. Donc tu as après un bonus en fonction de là où tu es. Et après tu as un bonus de 100 € si tu as un ou plusieurs enfants. Alors, tout de suite par rapport à ça parce qu’on a notre grille de salaire. On a eu quelques personnes en commentaire, mais c’est de la discrimination, nanani, nanana. À savoir que si vous êtes fonctionnaire, vous avez un enfant, vous avez droit à une prime de 6 €. C’est tout à fait légal. Il n’y a aucune discrimination. L’État le fait et les fonctionnaires y ont droit. Et bien voilà, fonctionnaire 6 € et bien vous venez chez nous, vous avez 100 €. Voilà donc, et c’est tout à fait légal et il n’y a aucune discrimination par rapport ça. Et ensuite, on a un bonus qui est en fonction de chaque projet. En fait, chaque projet a des objectifs. Donc le premier objectif de WP Rocket c’était de faire 50 000 $ par mois. Et à chaque tranche de 10 000 $, tu avais droit à un bonus de 4 % sur ton salaire. Donc par exemple, en juillet on a fait 53 000 $. Les personnes qui travaillaient sur le projet ont eu droit à 4 % de plus sur leur salaire, salaire de base. Au mois de juillet, on a fait un peu plus de 90 000 $ donc toutes les personnes qui travaillent sur ce projet-là ont eu 20 % sur le salaire de base. C’est pour nous très important parce que si la startup grandit, c’est grâce à toutes les personnes qui travaillent sur ce projet-là. Ce n’est pas normal qu’une personne qui aide à l’épanouissement de la startup de ne pas avoir de récompense elle aussi, que ce soit des récompenses financières ou autres. Dans une agence alors, moi je ne connais aucune agence, sur un projet à 100 000 balles, déjà faire des remerciements à son équipe de dev ou à son équipe de designers, c’est déjà très rare ! Un « merci », c’est déjà super bien. Il faut déjà s’en contenter. Et après, qu’est ce que c’est pour un patron sur un projet, je ne sais pas, on va dire un projet qui a été vendu 50 000 €. Il y a 4 personnes qui ont bossé dessus. Qu’est ce que ça coute de donner 200 € de prime pour ce projet-là ? Ça fait 800 €, ça coute que dalle. Et justement, le salarié, il se sent important parce qu’il sait et bien voilà : « J’ai travaillé et j’ai une récompense ». C’est assez normal, tu as permis à la société de gagner de l’argent et bien, il faut que tu en sois récompensé. Et nous, ça nous semble tout à fait logique et c’est pour ça qu’on a ces bonus-là. Et aujourd’hui, donc on a dépassé cet objectif depuis 4 mois. Quand un projet dépasse cet objectif depuis 4 mois d’affilés, on rehausse l’objectif. Donc le nouvel objectif de WP Rocket est de 120 000 $ par mois. Et du coup, il n’y a plus de bonus. Oui, et non, en fait, c’est un bonus. Sur les 120 000 $, on ne les fait pas là. À l’heure actuelle, le dernier mois, c’était à 71 000 $ ou 72. Et là, ce mois-ci, on devrait faire entre 80 - 85. Mais justement qu’on ne va pas atteindre ce chiffre-là avant 6 ou 7 mois, et bien maintenant, toutes les personnes qui travaillent sur ce projet-là ont un bonus de 8 % automatique sur ce salaire-là. Ça nous semble logique ! La société gagne plus d’argent grâce à ces personnes-là et bien du coup, elles ont un bonus en plus tous les mois sur leur salaire. Donc là, ils ont 8 % de plus sur leur salaire de base chaque mois. Et pareil, et bien quand on va dépasser les 120 000, il y aura encore un bonus. 130 000 et bien, bonus x 2, etc.

X : Écoute, en tout cas, c’est un mode de fonctionnement intéressant. Et puis comme tu le disais, après ces questions-là effectivement en général peuvent cristalliser comme tu disais des tensions, des jalousies, tout ça. Et bien ce n’est même plus une question parce que tout le monde sait comment ça se passe pour l’un et pour l’autre dans la boite donc après, d’un point de vue management, c’est beaucoup plus simple à gérer, ça, c’est sûr.

J : C’est humain en même temps, il y a toujours des « Mais elle, elle touche tant. Machin, mais pourquoi elle touche tant ? » Il y a toujours cette question, mais pourquoi cette personne-là touche autant ? Avec un modèle comme ça. Tu ne te poses pas la question. Tu ne peux pas te poser la question, donc ça enlève des tensions, ça enlève de la jalousie, et du coup ta cohésion d’équipe est saine, quoi. Et elle se fait toute seule.

X : Alors je ne sais pas parce que finalement vous êtes quand même assez jeunes, mais est-ce que peut-être une fois par an, vous vous retrouvez tous ensemble ?

J : Oui, tout à fait.

X : C’est cool ça.

J : Pareil, encore une fois, on s’est inspiré d’une autre startup. Il ne faut pas hésiter à s’inspirer des autres et après le changer un petit peu. On avait lu un article sur Barmetrix. On adore aussi la culture entreprise de Barmetrix, les gens sont juste géniaux, ils avaient posté des photos de ce qu’on appelle un « startup retreat ». C’est-à-dire que tu invites tout le monde, dans une villa. Enfin, dans une villa ou un appart, peu importe, le but, c’est de se rassembler pendant une semaine tous ensemble au même endroit. Et en fait, les fondateurs avaient posé des photos d’eux dans la piscine avec l’ordinateur en train de bosser ensemble dans la piscine et tout. On s’est dit : « Il faut qu’on fasse la même chose. On fera la même chose ». Donc du coup, on a profité du WordCamp Europe qui était à Séville, pour faire venir tout le monde, pour que tout le monde assiste au WordCamp. Et après on est descendu un peu plus bas, alors je ne sais plus quelle ville, mais en bas de Séville. Et on a loué une villa avec une piscine et tout et puis, on a travaillé ensemble tous les 8. On était 8 à l’époque. Et voilà, on prévoit de faire ça tous les ans. C’est très important quand tu travailles avec des personnes que tu ne vois pas. Alors Skype et Screenhero, etc., ces outils ils sont bien, tu peux voir une personne, tu peux la voir la personne, mais quand tu discutes avec une personne en face à face, en vrai, ce n’est jamais pareil.

X : Oui, puis tu la vois, mais tu ne partages pas une bière !

J : C’est ça. Tu ne peux pas t’amuser avec elle, tu ne peux pas te taper une petite tête dans l’eau, tu ne peux pas la balancer dans l’eau… enfin, tu vois, ce n’est pas pareil. Donc humainement, ce n’est pas pareil. Donc c’est très important d’avoir une startup retreat pour justement nouer des liens entre chaque membre de l’équipe, etc.

X : OK. Merci de toute cette franchise et cette ouverture. Alors, pour terminer le podcast, j’ai une petite question qui est de savoir si tu aurais éventuellement 3 livres à recommander aux auditeurs et aux auditrices.

J : Je n’en ai pas 3, j’en ai 2.

X : Et bien 2, ça fera l’affaire.

J : Ça a changé ma vie et c’est vraiment le cas, c’est Lean Startup de Éric Ries. Le lean startup, c’est une façon de gérer un produit, son itération, etc., etc. Donc ça a totalement changé notre façon de gérer WP Rocket et les nouveaux produits. Et un livre que Jean-Baptiste m’a acheté très récemment, il ne faut pas se fier au titre, le titre c’est : « Comment se faire des amis ? » Ce n’est pas les cas soc, hein ! Du tout, du tout.

X : C’est comment se faire des amis et influencer les gens ou un truc comme ça, enfin je ne sais plus, il y a un complément, je crois, mais…

J : En gros, c’est ça. En fait, c’est un livre qui va être sur… C’est du social qui peut s’appliquer à tout. C’est du social qui peut s’appliquer à notre façon de parler, à nos amis et c’est du social qui peut s’appliquer à la gestion d’entreprise à savoir, et bien comment faire passer un message à un de tes collègues. Voilà, c’est vraiment deux bouquins qui ont changé nos perceptions parce que Jean-Baptiste et moi les avons lus, nos perceptions de gestions d’entreprise et de gestion de vie, etc.

X : OK. Et bien écoutes, parfait ! Ayant lu les deux, effectivement, c’est deux livres que je recommande aussi de mon côté.

J : Vraiment très très bien. Il ne faut vraiment pas se fier au titre de comment se faire des amis, ça va bien bien au-delà.

X : Oui, oui, c’est plus comment créer des relations et comment faire en sorte que ces relations soient harmonieuses finalement et que ce soit dans sa vie familiale, dans sa vie professionnelle et/ou avec ses amis. C’est plus ça que simplement, effectivement, comment trouver des nouveaux amis.

J : Ce qui est bien dans ce livre, c’est que c’est bourré d’histoires vraies, de retours d’expérience et d’histoires vraies, des retours sur Lincoln, comment il a géré certains conflits pendant la guerre. Enfin, voilà, c’est vraiment un très bon livre.

X : OK. Super ! Bon, et bien, Jonathan, merci pour ta participation à ce podcast.

J : Merci à toi.

X : Puis peut-être qu’on se reparlera d’ici un an ou 2 quand vous serez au million par mois. C’est tout ce qu’on peut souhaiter.

J : Merci, hein !

X : Allez, tchao ! 

J : À bientôt !